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Novembre
Dans le fond, tu t'en fous. Presque.
Tu étais venu, en cette petite station balnéaire, pour clore l'année, passer un dernier coup d'aspirateur dans la maison, vider les canalisations, fermer les compteurs, bloquer les volets avec leurs barres en acier, jeter un dernier coup d’œil dans la boite aux lettres, puis partir, vite, voire fuir... en laissant les ombres familiales au loin, dans le flou de leur temps devenu irréel, magnifié - conte salin du vent entre les branches de pins trop vieux pour rêver encore.
Ça ne compte pas.
Tes pieds raclent le bitume sablonneux. Il fait froid jusque dans tes mots. Des images se bousculent qui n'ont plus de corps. Ces sentiments se perdent dans leur chaos, pour ne plus ressembler, in fine, qu'à une sensation diluée dans le chœur fatigué des vagues. L'hiver est un chant mourant sur la plage. Pathétique cliché éculé, certes.
Tu en rigoles presque ; sourire en coin, du moins.
Des mots, des lettres. Tu graves du sable sur une tempête stoïque. Ces êtres, ces lettres. Tu ne peux que les écrire, pas les faire vivre. Et encore... Créateur de quoi ? Créateur des ombres fuyant au beau milieu de la lumière. Créateur fécond du silence perdu au sein de galimatias stériles. Ça ne coûte rien. Ça n'a pas de prix. Tu te perds sur une voie archiconnue. Tu t'y retrouves, en ces tremblements d'animal effrayé par la mort qui le guette.
Allez va ! Encore une vie à vivre.
Là, devant, derrière. Nulle part, oui, car partout. Des fantômes qui te parlent, et des vivants qui te frôlent. Des mots, des lettres, comme autant de corps incertains qui s'adressent à toi, du plus lointain de leur temps, du plus proche de leur souffle. Non, dans le fond, tu ne t'en fous pas. Du tout, même. Ça compte. Tu ne peux en rire, pas même en sourire. C'est ici, c'est toi. Un murmure de passions. Un chant de cœurs. Et autres clichés du genre ! L'index sur le déclencheur, ton œil voit la Vie. Et l'arrête. La fixe. La perpétue. Sans eux, sans toi. Avec tous. Avec tout.
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motard-avargues
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