|
|
Singapour
Dans les coupe-gorge on aiguise les crans d'arrêts à la lumière des chandelles
Bas résille des nuits trop courtes
Sous les porches les cigarettes russes grésillent comme des lucioles
Et les allumettes viennent mourir sous les semelles des espadrilles
Et les fumeries d'opium ouvrent leurs portes sur les sans sommeil
Dans leurs pipes s'enterrent les cauchemars anonymes et les brouillards opaques
Tandis qu'au dehors le képi d'un docker dérive sur la chaussée comme un bateau ivre
On entend le tonnerre et les cris s'entremêler dans un vacarme d'enfer
Et les rires de tiroir-caisse des mandarins font trembler les tôles des baraques
Et les marins sucent les dernières gouttes d'alcool sur le cou des femmes lasses
Mais voici le soleil
Ses rayons assassins déchirent la vapeur d'un paquebot spectral
En partance pour le Népal
©
Barnabé Zazanbi
|